23/3/2022
Le 23 mars dernier, le gouvernement fédéral annonçait son intention de doubler le nombre de places en centres de détention affectées au retour forcé de personnes en séjour irrégulier, créant ainsi 500 places supplémentaires. Une annonce qui questionne, tant sur son timing et son opportunité, que sur le ton employé par le secrétaire d’État Sammy Mahdi.
En termes de timing, cette annonce arrive dans un contexte où la Belgique peine déjà à faire face aux énormes défis liés à la saturation du réseau d’accueil et à l’arrivée massive des réfugié·e·s en provenance d’Ukraine. Alors que le gouvernement presse les citoyen·ne·s de se montrer solidaires et d’accueillir les réfugié·e·s ukrainien·ne·s, il se dit prêt à débloquer des fonds dédiés à l’enfermement et à l’expulsion de personnes migrantes… La synchronicité est presque indécente.
Il faut également questionner cette décision, qui intervient alors que de nombreux aspects qui règlementent la détention méritent une réforme en profondeur. Bien que prévue dans l’accord de gouvernement, la réforme indispensable de la procédure de recours contre la détention n’a pas encore vu le jour. Le gouvernement refuse encore d’inscrire dans la loi l’interdiction de détenir des enfants en raison de leur statut migratoire, alors que la Belgique a récemment été doublement condamnée à ce sujet par le Comité onusien des droits de l’enfant. Avant de démultiplier les lieux de détention, l’État belge devrait s’atteler à l’amélioration des règles existantes.
Enfin, le ton employé par le secrétaire d’État est problématique, en ce qu’il laisse entendre que les centres fermés sont entièrement dédiés à l’expulsion de criminel·le·s. C’est une vision tronquée de la réalité. Les personnes en centres fermés sont détenues uniquement car elles n’ont pas de titre de séjour valable pour entrer ou rester en Belgique, et non pour exécuter une sanction pénale. En communiquant de la sorte, le secrétaire d’État diffuse une vision criminalisante des personnes migrantes au sein de l’opinion publique.
Dans un contexte de crise sans précédent, la Belgique ferait mieux d’utiliser les deniers publics à bon escient en les allouant à l’accueil des personnes qui en ont besoin, et ainsi respecter ses obligations en matière de droits humains.