Aymen (25 ans) a un passeport soudanais, mais il est né et a grandi en Libye. Il n’y avait pas d’avenir possible dans ce chaos. Il a tenté de se rendre en Angleterre depuis la Belgique, mais il a été arrêté et emmené au centre de détention de Bruges.
“En 2017, j’ai quitté la Libye pour la Belgique. Je voulais aller au Royaume-Uni et je suis resté un moment près de la gare de Bruxelles-Nord. Un jour, je me suis caché sous un camion pour traverser, mais j’ai été arrêté à Zeebrugge. De là, j’ai été emmené au centre fermé de Bruges”.
“C’était un cauchemar. Je ne peux pas oublier ce que j’ai vu là-bas. (Des larmes coulent). Une semaine, quelqu’un se suicide, la semaine suivante, il y a des bagarres. Tout était dégoûtant. J’ai été démoralisé par la vie là-bas, c’était si horrible”.
“Au centre, on ne sait jamais ce qui va se passer.”
“J’étais tout le temps effrayé et stressé. On ne sait jamais ce qui va se passer. On ne sait pas quand on retrouvera la liberté. Tant de personnes sont restées enfermées là-bas bien trop longtemps. Ils n’arrêtaient pas de me dire que j’allais être rapatrié. Mais où ? En Libye ? Au Soudan ? ”
“Le psychologue ne me prescrivait que des médicaments pour dormir. Ma seule force était ma foi. Je priais souvent. Dans la petite salle de prière, il y avait toujours d’autres croyants. Cela m’a aidé à faire face au stress. ”
“L’enfermement de tous ces jeunes coûte cher, non ?”
“Je ne comprends toujours pas comment les politiciens pensent, quelle vision ils ont pour ces centres. Ils sont remplis de jeunes. C’est sûrement très cher de tous les enfermer au lieu de les faire travailler… ”
“Personnellement, je rêve toujours de terminer mes études d’architecture. Si ce n’est pas possible, je voudrais travailler comme mécanicien. En Belgique, j’ai appris la langue française. Et les Belges ordinaires sont beaucoup plus sympathiques que dans beaucoup d’autres endroits où je suis allé.”