Bahaaeddin (35 ans) a fui Gaza pour se réfugier en Belgique. Dans notre pays, il a été détenu dans les centres de détention de Steenokkerzeel, Vottem et Merksplas. “C’étaient des prisons.”
“Je suis né en Jordanie. À l’âge de six ans, notre famille a déménagé en Palestine. Adulte, je me suis opposé au Hamas. J’ai dû fuir. Après deux années extrêmement compliquées en Grèce, je suis parti en Belgique.”
“J’ai demandé l’asile ici à trois reprises, mes trois demandes ont été rejetées. Parce que je n’ai pas reçu l’aide juridique nécessaire pour introduire correctement mon dossier. Du coup, j’ai fini dans la clandestinité à Bruxelles.”
“Je me suis blessé pour échapper à l’agitation qui régnait dans ma tête”
“Je travaillais dans un bar. Après une dispute avec mon patron, celui-ci m’a soudainement dénoncé à la police. J’ai alors été arrêté et enfermé durant trois mois au 127bis à Steenokkerzeel. Sans savoir ce qui allait se passer, sans aucune perspective de fin. Ma santé mentale s’est rapidement détériorée.”
“J’ai vu un autre détenu avaler un couteau. Je me suis également mutilé. Pour échapper à l’agitation qui régnait dans ma tête. J’étais tellement fatigué d’attendre et de rien faire. Nous n’avions pas le droit de faire quoi que ce soit. Pas de cuisine, pas de marche, pas de travail. C’était une véritable prison.”
“Les avions qui vrombissent, le bruit de mes codétenus : tout cela m’empêchait de dormir. J’étais épuisé par le manque de sommeil et le stress. J’ai demandé à rencontrer le médecin qui m’a immédiatement donné des antidépresseurs.”
“Je n’ai jamais reçu d’aide psychologique”
“Après le 127bis, j’ai été transféré au Caricole. Après une tentative d’expulsion ratée, je me suis retrouvé à Vottem. Comme je me blessais de plus en plus souvent, j’étais constamment placé en isolement. J’étais soi-disant ingérable. Je n’ai jamais bénéficié d’aucune aide psychologique.”
“Après deux mois à Vottem, j’ai été emmené à Merksplas. Sept mois après mon arrestation, j’ai enfin été reconnu comme réfugié. Grâce à l’asbl Nansen, qui m’a aidé à introduire correctement ma demande. Je suis maintenant reconnu, mais je lutte toujours contre les effets des analgésiques et des antidépresseurs qu’on m’a administrés en détention.”