Fabrice (56 ans) a été expulsé vers le Cameroun après des mois de détention à Steenokkerzeel. “Tout était froid et gris, j’avais peur de sombrer complètement.”
“J’ai vécu en Allemagne pendant 14 ans. Lorsque j’ai voulu rentrer après un voyage dans mon pays d’origine, le Cameroun, j’ai été arrêté en transit à Bruxelles. Apparemment, mon visa pour l’Allemagne n’était plus valable. La police de l’aéroport m’a fait asseoir sur un banc toute la nuit, sans savoir ce qui allait se passer. Je me suis retrouvé au 127bis et plus tard, au Caricole.”
“Au 127bis, j’ai fait une demande de protection, mais elle a été rejetée. J’ai pourtant vécu légalement en Allemagne pendant de nombreuses années. Je m’inquiétais surtout pour ma santé, mon diabète se détériorait.”
“J’ai vécu légalement en Allemagne pendant de nombreuses années”
“Au centre, je marchais de long en large dans le couloir. Par ennui, j’ai commencé à fumer, alors que je n’avais jamais touché une cigarette auparavant. Je faisais des petits travaux, comme nettoyer les toilettes. Cela me rapportait quelques euros, que je pouvais ensuite utiliser pour acheter du tabac.”
“Plus rien ne me rendait heureux. Tout était froid et gris. Beaucoup de gens sont devenus fous ou dépressifs. J’ai vu des gens avaler des piles. En espérant que les produits chimiques les tueraient ? Je ne sais pas. Je me disais que je ne le ferais jamais.”
“Ma famille est ma liberté”
“Si je me sentais mal… j’attendais le lendemain. J’avais peur de sombrer. Mais les appels téléphoniques hebdomadaires avec ma femme me maintenaient un peu à flot.”
“Ma famille – j’ai trois enfants avec ma femme – est ma liberté. Être avec eux, c’est tout ce que je veux. Comme tout le monde, je veux contribuer à la société. Par le biais du bénévolat, par exemple.”