Nos visiteur·euses sont également actif·ves dans les centres de détention pour familles, les “maisons de retour”. Chaque semaine, Stephan et Guy du JRS Belgium rendent visite à des personnes détenues dans ces centres.
Bien que des unités familiales aient été construites au centre de détention 127bis en 2018, aucune famille avec enfants mineur·es n’est actuellement détenue dans les “centres fermés”. Cependant, ces familles peuvent être placées dans ce que l’on appelle les “maisons de retour”. Parce qu’elles s’y retrouvent sur la base d’un ordre de détention, Move parle de “centres de détention pour familles” plutôt que de “maisons de retour”.
Il existe actuellement 28 unités réparties sur cinq sites : Zulte, Tubize, Sint-Gillis-Waas, Tielt et Beauvechain. Les familles y sont suivies en permanence par des accompagnateurs de retour de l’Office des Étrangers.
Il s’agit, en particulier, de familles appréhendées sur le territoire, sans papiers ou sans titre de séjour valable. Les familles qui ont été arrêtées à la frontière alors qu’elles arrivaient en Belgique sans les documents requis, ou qui ont introduit une demande d’asile à la frontière sont également détenues dans ces unités. “Ce sont surtout des demandeur·euses d’asile que nous rencontrons actuellement”, nous racontent les deux visiteurs de JRS Belgium.
“Nous espérons inspirer confiance auprès des familles”
En tant que visiteurs indépendants d’ONG, Guy et Stephan essaient de se rendre sur un site chaque semaine. “Tout d’abord, nous offrons à ces personnes une oreille attentive. Nous espérons ainsi pouvoir leur donner de l’attention et leur inspirer confiance. Nous fournissons également des informations sur les différentes procédures et facilitons la communication avec l’avocat·e ou d’autres acteur·rices quand c’est nécessaire.”
Le contraste avec les centres de détention pour adultes est évident. Les familles ne vivent pas selon un régime collectif, mais disposent de leur propre appartement. “En général, elles ont l’impression d’être bien traitées. Elles reçoivent des bons avec lesquels elles peuvent acheter leur propre nourriture. Pendant la journée, les membres de la famille sont autorisés à quitter les unités, par exemple pour aller faire des courses ou se promener. »
Mais d’un point de vue juridique, cela reste de la détention. Dans les familles multi-adultes, l’un des parents doit rester dans l’unité à tout moment. “C’est une forme de garantie”, expliquent les visiteurs. “A moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse de rendez-vous procéduraux.”
La détention des familles peut durer quelques jours, comme elle peut durer plusieurs mois. En raison de l’isolement de la plupart des unités, de nombreuses familles s’ennuient au fil du temps. Les parents témoignent souvent de sentiments d’anxiété et de dépression liés à l’issue incertaine des procédures en cours.
Les enfants détenu·es dans les foyers de retour ont droit à l’éducation. Mais dans la pratique, il y a des obstacles. Pour les jeunes qui ne sont plus en âge d’aller à l’école primaire, il est parfois très difficile de trouver une école secondaire à proximité des sites.
“Nous nous sentons parfois impuissants”
Les deux visiteurs admettent qu’ils se sentent parfois impuissants. “Par exemple, je me souviens d’une famille kirghize très sympathique qui aurait bien aimé rester en Belgique”, raconte Stephan. “Les parents étaient tous deux ingénieurs. Il y avait des listes de mots en français et en néerlandais partout dans l’appartement. Mais finalement, ils ont dû rentrer. Cela m’a marqué.”
Les visites stressantes et difficiles, Guy et Stephan tentent de les surmonter en engageant la conversation avec des collègues. “Et parfois, bien sûr, il y a aussi de beaux moments”, conclut Guy. “Il se trouve que j’étais avec une famille turque lorsqu’un des accompagnateurs de retour est venu l’informer qu’elle était autorisée à rester en Belgique. Au début, la famille n’a pas compris ce qu’on lui disait. Mais quand elle a compris, c’était merveilleux à voir. Cela donne de l’espoir.”