Steve Kinmou

Steve: « Tu te bats avec des moyens inégaux »

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Steve Kinmou vit à Liège depuis six ans et travaille chez Colruyt. Il a été détenu pendant un mois à Bruges et à Vottem.

« En 2017, je suis venu en Belgique du Cameroun, en tant qu’étudiant. Après deux ans d’études, j’ai décidé de demander l’asile. J’avais toujours été politiquement actif dans mon pays d’origine, je craignais d’être arrêté et détenu dès mon retour. »

« Au cours des six dernières années, j’ai construit ma vie en Belgique. J’ai une compagne et un grand groupe d’amis. Et surtout, j’ai un contrat à durée indéterminée avec Colruyt. Je travaille depuis plus de deux ans et je paie mes impôts comme tout le monde. »

“Il est difficile de faire confiance au système”

« Après une longue attente, ma demande d’asile a finalement été rejetée. Lorsque la police est venue me voir, j’ai cru qu’elle voulait vérifier mon domicile. Je n’avais jamais été arrêté auparavant, je n’avais même jamais reçu d’amende. Mais soudain, j’ai été emmené et enfermé dans une cellule. »

« J’ai d’abord été détenu dans le centre de détention de Bruges. J’ai demandé à être transféré à Vottem, pour être plus proche de mes amis et de ma famille. On m’a répondu qu’il n’y avait pas de place. »

« Ensuite, lorsque j’ai été autorisé à me rendre à Vottem, deux semaines plus tard, la moitié de l’aile s’est avérée vide. Apparemment, il est difficile de faire confiance au système. Tu te bats avec des moyens inégaux, tu as à peine le temps de faire appel. »

« Je n’avais aucune raison de me cacher »

« Heureusement, je suis quelqu’un qui reste toujours calme. Je ne m’énerve jamais. Mais là, même moi, j’étais stressé. J’ai commencé à vaciller mentalement. Ils n’arrêtaient pas de dire qu’ils voulaient me mettre dans un avion pour le Cameroun le plus vite possible. »

« J’ai été enfermé pendant un mois entier. Jusqu’à ce que le juge décide qu’il n’y avait pas de raison valable de me détenir. Mais y en a-t-il jamais ? Les vrais criminels peuvent être enfermés. Tout comme les personnes qui veulent disparaître du radar. Mais je n’avais même pas de raison de me cacher. »

« Je travaillais déjà depuis deux ans et demi chez Colruyt, où on était très satisfait de mon travail. Ils n’ont toujours pas mis fin à mon contrat et suivent mon dossier avec moi. Pourquoi diable voulez-vous m’enfermer ? »

Tout être humain a un droit fondamental à la liberté. La coalition Move a été créée en janvier 2021 à l’initiative conjointe de Caritas, du CIRÉ, de JRS Belgique et de Vluchtelingenwerk Vlaanderen. Les membres de Move unissent leurs forces pour mettre fin à la détention de personnes pour raisons migratoires. Nous préférons parler de « centre de détention (administrative) pour personnes migrantes » plutôt que de « centre fermé », pour éviter la confusion avec les centres d’accueil ouverts pour demandeur·euses de protection internationale. Par ce choix terminologique, l’attention est mise sur la réalité de la détention. De plus, nous entendons inclure toutes autres formes de détention pour raisons migratoires, comme les maisons de retour, que nous appelons « centres de détention (administrative) pour familles migrantes ». Move relate les histoires des personnes exilées en détention, pour leur rendre un visage et leur humanité.